ÉCOCONCEPTION : UN PUISSANT MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Le concept « d’entreprise durable et responsable » a dépassé de stade de l’expression à la mode ou de l’initiative réservée aux grandes entreprises qui cherchent à redorer leur blason ou à élargir leur clientèle. Aujourd’hui, il s’agit plutôt d’une stratégie cruciale pour toute entreprise qui souhaite demeurer concurrentielle dans un contexte de marché complexe.

De plus en plus, les gouvernements pressent les entreprises vers cette voie ou adoptent des lois, et les clients ont égard à l’environnement lorsqu’ils recherchent des produits. Inévitablement, ces pressions sur le marché incitent les fabricants à examiner leur impact sur l’environnement, un aspect clé du développement durable (soit le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique de leurs activités). Les fabricants qui choisiront de s’y attaquer gagneront un avantage concurrentiel par rapport aux autres. Ainsi, l’écoconception est un puissant moteur de développement durable.

QU’EST-CE QUE L’ÉCOCONCEPTION ?
En bref, l’écoconception consiste à tenir compte des aspects environnementaux dans le processus de production ou de conception d’un produit ou service, avec pour objectif de réduire les impacts négatifs sur l’environnement. La démarche comprend une analyse globale du cycle de vie du produit ou service (du choix des matières premières jusqu’à la fabrication, de son transport, utilisation et élimination), le tout de manière à réduire l’empreinte écologique sans pour autant en compromettre l’efficacité et l’utilité, ou en augmentant son efficacité et utilité, mais sans étendre son empreinte. Cette approche est a été baptisée « analyse du cycle de vie » (ACV). Les activités d’écoconception s’étendent également à la ré-évaluation ou à la ré-ingénierie de certains produits existants de manière à utiliser moins de matières premières, produire moins de déchets ou de consommer moins d’énergie.

POINT DE DÉPART ET IMPORTANCE DE L’ÉTAPE DE LA CONCEPTION
L’ACV constitue l’un des outils d’analyse de choix pour évaluer les concepts d’écoconception. Il évalue les intrants (matériaux, ressources, énergies) et les extrants (rejets dans l’air et l’eau, les déchets) à toutes les étapes du cycle de vie d’un produit et les quantifie par rapport à leur impact sur l’environnement. D’ailleurs, la norme ISO 14040 adoptée par l’Organisation internationale de normalisation fournit un cadre normalisé pour les ACV.

De prime abord, il importe de définir les objectifs d’écoconception pour le produit ou service. S’agit-il uniquement d’améliorer un produit existant ? Préfère-t-on créer une toute nouvelle gamme plus « verte » ? Ou encore est-il question d’intégrer l’écoconception au processus de développement de produit ? L’écoconception fait ainsi partie intégrante du développement de produit ou d’adaptation, au même titre que les critères de qualité, de durabilité, de coût, d’ergonomie et autres spécifications. D’après l’Institut de développement de produits (IDP), 80 % des impacts environnementaux d’un produit sont déterminés à l’étape de conception.

Ensuite, l’ACV permet d’analyser le cycle de vie et le système d’un produit, de la conception à la fin de vie, de manière à bien cerner les éléments qui pourraient faire place à l’amélioration. Parmi les aspects environnementaux clés à considérer figurent la consommation des ressources et les rejets dans l’air, l’eau et le sol (gaz à effet de serre, agents toxiques, gestion des déchets). À l’aide de bases de données étoffées, ces points névralgiques peuvent être quantifiés sous forme d’impact environnemental et il devient alors possible d’élaborer des solutions à l’intérieur du cycle de vie qui permettront de réduire l’empreinte écologique globale. Puisque l’ACV offre une évaluation réellement globale et intégrée, il est souhaitable qu’elle soit exécutée par une équipe pluridisciplinaire, formée de personnes provenant de toutes les sphères du cycle de vie du produit. Les concepteurs, ingénieurs, responsables de l’approvisionnement, de l’assurance qualité, du marketing et de l’exploitation ainsi que les fournisseurs peuvent mettre la main à la pâte et enrichir le processus de leurs connaissances.

Dans le processus de ré-évaluation ou de ré-ingénierie, il y a lieu d’examiner certaines pistes de solutions comme réduire la quantité de matériaux utilisés, choisir des matériaux plus durables qui prolongeront la durée de vie du produit, optimiser l’emballage, le transport ou autres aspects de la chaîne logistique, adopter des critères de durabilité dans le choix des fournisseurs ou toute autre mesure qui réduirait l’impact environnemental au long de la durée de vie du produit.

EST-CE PAYANT ?
Même si les activités de recherche ne sont pas répandues, nous savons que les entreprises les plus florissantes sont celles qui ont intégré des principes de développement durable dans leurs procédés et façons de faire des affaires. Le palmarès est impressionnant et comprend notamment Apple, LG, GE, Starbucks, Philips Lumec et Rona. Selon ces entreprises, la démarche exige de la créativité et favorise l’innovation et la collaboration au sein de l’organisation. Y a-t-il d’autres façons de repenser, re-concevoir, constamment améliorer et ré-inventer des produits ou services sur toute leur durée de vie ?

Mais quels sont les chiffres exactement ? Une étude menée par IDP et un partenaire français auprès de sociétés québécoises et françaises a établi que les entreprises tirent un bénéfice direct de l’écoconception. En effet, 93% d’entre elles notaient une augmentation des profits avec des produits écoconçus. Cette augmentation des profits était principalement liée à une augmentation des ventes (86 %) ou à une réduction des coûts de production (7 %). Seule une faible proportion (7 %) des entreprises n’ont pas observé d’effet sur les ventes ou les coûts. L’écoconception permet non seulement d’accroître la rentabilité, mais elle stimule également la créativité et l’innovation ainsi que la collaboration et l’engagement. Voilà donc les ingrédients essentiels du succès. Et bien sur, fait non négligeable, elle aide à protéger notre planète.

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